Rencontre avec Paul Lavoine, photographe et vidéaste inspirant qui dédie son art à l'univers marin. Il partage avec nous sa passion qui l'a emmené sur les plus belles vagues du monde à travers ses voyages, des côtes de l'Atlantique aux récifs des îles du Pacifique de Teahupo'o à Hawaii.
- Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Paul Lavoine, j'ai 23 ans et je vis à Capbreton dans les Landes. Passionné par l'Océan c'est là que j'y exerce mon métier : photographier et filmer du surf.
- Comment as-tu découvert la photographie notamment aquatique et la réalisation cinématographique ?
C'est lors du dernier Pro France à Hossegor en 2019 que j'ai vu pour la première fois un photographe aller dans l'eau. Étant au début de ma carrière dans la photo et la vidéo et ayant beaucoup nagé par le passé, ça m'a paru comme une évidence. Pour ce qui est de la réalisation cinématographique c'est sur le tas, en montant des vidéos de plus en plus longues que j'ai fini par atteindre la maturité nécessaire à la production d'un film un peu plus poussé.
- D’où vient ta passion pour l’eau et l’océan ?
J'ai passé toute mon enfance et mon adolescence dans une piscine à compter les carreaux. Aller nager a toujours été un exutoire pour moi et m'a permis de me sentir à l'aise dans l'Océan. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été fasciné par cette immense masse d'eau qui abrite tant de merveilles.
- Suis-tu un entraînement spécifique pour réaliser tes images à l’eau ?
Oui pour moi s'entraîner à côté des vagues est super important. J'ai la chance d'avoir un coach, Arthur Bachelet, qui m'accompagne en salle avec des entraînements ciblés sur ma pratique (cardio, endurance et explosivité) et de pouvoir nager avec Thierry Krawiec qui propose des séances axées sur l'apnée active. Ça permet de se sentir plus confiant et d'être plus efficace dans les sessions compliquées.
- Avec quel type de matériel travailles-tu ?
J'ai un boîtier dédié à la photo (Sony A7RIV) et un autre à la vidéo (Sony A7SIII). J'en suis très content car ils ont tous les deux une super qualité dans leur domaine et sont très compacts. Pour les emmener avec moi dans l'eau j'ai un caisson étanche spécialement conçu pour eux de chez Salty Surf Housing.
- Qu’est-ce qui inspire ton art, et comment trouves-tu l’inspiration pour créer de nouvelles images et te renouveler ?
La prise de vue en aquatique n'est pas évidente, on a besoin qu'une multitude de facteurs soient alignés pour réussir à tirer l'image qu'on a en tête. C'est cette complexité qui me pousse à retourner à l'eau afin d'y trouver l'image rêvée. Sinon les eaux transparentes du Pacifiques m'inspirent énormément, elles ouvrent une nouvelle dimension en permettant de capturer des images sous l'eau.
- Quels sont les voyages qui t’ont le plus marqués ?
Mon premier voyage à Tahiti en 2021 a clairement marqué un tournant dans ma vie et dans ma carrière. J'ai tout de suite été séduit par la culture abondante de la Polynésie et par le rapport privilégié des Tahitiens à l'Océan. La richesse des fonds marins et la perfection des vagues sont incomparables et représentent une source d'inspiration sans fin.
- Peux-tu nous partager tes adresses favorites découvertes aux quatre coins du monde ?
Si jamais vous devez aller à Tahiti, passez au moins deux nuits au Tahurai Homestay dans le village de Teahupo'o, c'est un des meilleurs moyen de découvrir cet endroit mythique et sa vague. Pour ce qui est de manger là bas il faut absolument aller au Snack Tavania à Vairao, le poisson cru et le steak y sont incroyables ! À Hawaii sur le North Shore d'Oahu le steak de thon de Lei Lei's à Turtle Bay est vraiment cuit à la perfection et sa sauce inoubliable. Au Portugal si vous allez du côté de Péniche la Churrasqueira Picanha Gaucha vous permettra de manger une des meilleures viandes cuite au charbon de votre vie.
- Quelle est ta photographie préférée et pourquoi ?
C'est dur de choisir ma photo préférée... Certaines sont très importantes pour moi car elles témoignent d'un engagement particulier dans des vagues conséquentes, alors que d'autres ont un caractère artistique bien plus développé. Mais si je devais me prononcer en artiste, mon choix serait entre Other Side #2 et Cloud Escape #1. Je trouve qu'elles ont la capacité de s'adresser à un public qui n'est pas forcément familier avec l'univers du surf.
- Peux-tu nous parler de ton film Liés par L’océan, qui a remporté le prix du meilleur film de la 19ème édition de l'International Surf Film Festival d'Anglet ?
Pendant mon premier voyage à Tahiti il y a deux ans, j'ai eu la chance de rester trois mois chez Kauli Vaast et Tahurai Henry. Grâce à eux j'ai pu faire des rencontres ultra inspirantes qui m'ont donné l'envie de réaliser un documentaire sur les Tahitiens et leur rapport à l'Océan. De là est né mon premier film, Liés par l'Océan, qui met en avant le style de vie de cinq surfeurs et pêcheurs qui vivent dans le petit village de Teahupo'o. Au fil de leurs témoignages on voit se dessiner tout leur amour pour l'eau qui les entoure, les nourrit et les fait vibrer.
J'ai eu l'honneur de pouvoir présenter pour la première fois mon film au Festival d'Anglet ce weekend devant une salle pleine. Ça a été beaucoup de fierté et d'émotion pour moi car ce projet m'a demandé énormément d'investissement, le voir salué par le public et le jury était vraiment puissant.
- Quels messages et valeurs souhaites-tu transmettre à travers ton art ?
Je me situe d'abord en témoin de la beauté que nous offre notre planète et tout particulièrement nos océans. Mon but est d'essayer d'en retransmettre la beauté et la magie le plus fidèlement possible pour les faire découvrir aux gens que ça peut toucher. Au-delà de ça j'aime bien relayer des parcours inspirants qui peuvent nous apprendre quelque chose, surtout quand ils évoquent le respect de notre planète.
- Quels sont tes derniers coups de cœur artistiques et culturels ?
L'année dernière j'ai eu la chance de rencontrer Loïc Wirth avec qui je travaille maintenant sur une petite série aux quatre coins du monde. J'ai tout de suite été séduit par la richesse artistique de son oeil et sa capacité hors du commun à saisir les émotions pour en raconter une histoire. Tout son travail mérite d'être vu mais Iṇaippu illustre bien sa patte artistique.
- Quelle est ta vision du monde d’aujourd’hui et de quoi rêves-tu pour l’avenir ?
Notre monde est vaste, bourré de diversité et va très très vite. Dans cette cohue on gagnerait tous à apprendre à rencontrer l'autre avant de le juger et à prendre le temps d'apprécier les petites merveilles du quotidien. Je rêve donc de voir l'Humanité prendre conscience d'elle même et du risque qu'elle représente pour le monde qui l'abrite...
- Quels sont tes gestes quotidiens pour prendre soin de la terre et de l’océan ?
J'ai toujours un oeil qui regarde là où je pose le pied, et bien trop souvent j'y trouve des déchets plastique que je m'efforce de ramasser. Même si j'aimerai que tout le monde fasse preuve du même réflexe, je pense que c'est dans les mains des institutions que réside le vrai pouvoir du changement. Pour moi il est temps qu'elles agissent concrètement pour la cause environnementale, car elles oublient trop souvent que le système qu'elles défendent jalousement repose sur la planète qui nous héberge.
- Quel est ton mantra qui te guide à travers les étapes de ta vie ?
La vie est courte, unique et donc précieuse. Je m'efforce de la vivre au mieux en essayant d'apprécier chacun des moments qu'elle nous offre. Même si j'ai encore du mal avec ça, j'apprend petit à petit à oublier mon téléphone pour passer mon temps ailleurs que dans mon canapé.
- Et pour finir, quels sont tes projets à venir ?
Ce premier film m'a donné le goût de la réalisation et l'envie d'en diriger un nouveau. Je cherche encore un sujet qui me passionnera autant que le premier, en attendant je m'efforce de suivre le World Tour pour continuer d'étoffer mon portfolio.
Un grand merci à Paul Lavoine d'avoir partagé avec nous sa passion pour la photographie, ses valeurs et ses voyages. Suivez son travail et ses aventures à travers le monde sur son site web, sur Instagram ou encore Youtube.