Rencontre avec Eve Isambourg, enfant de l'océan originaire de l'île Maurice. Elle partage avec nous ses voyages à travers le monde, sa passion pour les mots, le yoga et le surf. Une philosophie de vie alliant écologie à écologie intérieure...
Tu es l'autrice du livre "Osons panser le monde par l'amour". Peux-tu nous raconter ton parcours jusqu'à son écriture et ce qui t'en a inspiré ?
Osons panser le monde par l’Amour, est un partage. Ce premier livre est un voyage à travers les mots, pour mieux retrouver le chemin du coeur. Il est un témoignage, que j’ai chargé ces cinq dernières années, d’une sincérité lumineuse, d’une vulnérable force, et d’une généreuse fragilité. Il est une invitation, à l’Amour, à la bienveillance à soi, aux autres, à la Terre Mère, afin de questionner justement le Sens, comme valeur, et direction à prendre. Ce livre est un constat : on ne peut espérer contribuer durablement à la paix avec le vivant, tant que l’on est en conflit intérieur avec soi-même. Actuellement à la mise en page en Maison d’Édition, il verra le jour en version papier, à la fin de l’Été 2021 !
Extrait de son Livre :
“Vous voyez la douceur que l’on ressent quand se pose délicatement sur notre peau un rayon de soleil ? Ce même rayon qui éveille en nous une émotion pure, celle d’exister dans l’instant, d’apprécier un élément simple de l’univers, de se ressourcer naturellement par la nature, saisi par la merveilleuse sensation d’un regain de courage, d’espoir ; touché humblement par l’Amour. L’Amour, je l’écris avec un grand A, il s’agit de l’Amour que l’on se porte à soi, aux autres, à la Terre Mère. C’est cette même sensation que j’aimerais vous faire ressentir à la lecture de ces mots, au rythme des pages. Que ce livre soit votre rayon de soleil, celui que vous posez sur votre table de chevet. Que ce livre réchauffe votre cœur après une journée plus grise que les autres, qu’il éveille vos pauses au travail, qu’il illumine vos réveils, qu’il inspire vos projets, qu’il motive votre cœur, à aimer, à aimer ceux qui vous entourent, à aimer la planète qui nous abrite.”
Tu es aujourd'hui professeure de yoga. Que souhaites-tu transmettre à travers cette pratique ?
J’avais 19 ans, que je me retrouve à Bali, diplôme en main, professeure de Yoga certifiée. Ce choix m’a apporté tant de joie, les mots à eux seuls ne peuvent en décrire la reconnaissance que je ressens aujourd’hui. Le Yoga m’a appelé. Il a été un cadeau, dans une période compliquée. Je venais d’arriver à Paris pour mes études supérieures, j’intégrais Sciences Po en Post-Bac. J’étais à 10,000 km de la maison, de ma famille, et de mon île, Maurice. La claque a été radicale. Je perdais l’équilibre, en recherche constante de Sens, afin de justifier ma présence géographiquement parlant, et mes choix d’orientation. Je ne savais plus. J’avais l’étrange sensation de me perdre moi-même, quand, j’ai compris qu’il me fallait assumer ma différence, mon histoire, et ma sensibilité.
L’environnement naturel, et l’Océan, me manquaient tellement, j’ai orienté mon parcours à Sciences Po vers les Politiques Environnementales, dont je termine aujourd’hui le Master. Aussi, l’éveil intérieur était urgent, il me fallait rétablir une relation saine à mon corps, mon coeur et mon esprit, quitter le cercle vicieux de l’alimentation émotionnelle, du silence, du repli. J’ai accueilli le Yoga, il m’a accueilli en retour. J’avais 19 ans, je rejoignais une école de formation australienne, Yoga Alliance Certified, à Bali. Quelques semaines plus tard, je rentrais à Paris, un coeur chargé, j’étais à ma place. Je n’avais plus peur d’être celle que j’étais, même à contre-courant parfois. J’assumais petit à petit mon Amour pour les détails, pour les couleurs, les jolis mots, le bien-être et le Coeur, la Nature et le Soleil, le sel dans les cheveux, les vagues (…) Le Yoga m’a permis d’accueillir la version la plus sincère et épanouie de moi-même, que j’avais laissé au lycée, que j’avais oublié dans la grisaille parisienne des premiers mois. Aujourd’hui, j’ai 22 ans. J’enseigne avec une joie immense.
Le Yoga est un retour à Soi. Une séance de Yoga partagée est un instant d’humilité, là où nos forces et faiblesses s’accompagnent, en pleine conscience, en grande douceur. Le Yoga est une retour à l’Instant. Sur notre tapis, nous sommes. Là. Je ne suis pas ailleurs, mon corps en mouvement, ou posé, et ma respiration engagée invitent mon esprit à un ancrage dans l’Instant Présent. Dans le courant de nos vies trépidantes, dans les ombres de nos émotions éparpillées et trop souvent refoulées, nous oublions le Présent. Le Yoga donne de la valeur à cet instant, finalement seule vérité. Je souhaite développer encore ce chemin du partage de la pratique du Yoga, et porter autour de moi l’encouragement envers tout un chacun, afin de faire naître, renaître, sa Lumière intérieure. Le Yoga se vit dans une grande intimité, il n’est pas une démonstration, un spectacle, il ne se regarde pas. Le Yoga est une célébration intérieure, un cadeau à Soi.
Le 30 Mai, tu as lancé le projet #ISpeakBlueToo dédié à la protection de l'océan. Peux-tu nous en parler davantage ?
Avec immense plaisir ! Nous sommes en 2018 quand je crée la première édition de la campagne #IspeakBlueToo sur les réseaux sociaux. Je suis à Paris, loin de l’Océan, la journée du World Oceans Day, le 8 Juin approche, et je souhaite porter ma voix. Puis, une idée s’impose. Et si, indépendamment de notre lieu de vie, de nos langues d’origine, nous levions notre voix ensemble, une voix unie pour l’Océan, une voix bleue universelle. Nous dépendons tous, d’une façon ou d’une l’autre, de l’Océan. Il est l’air que nous respirons, l’abri de la biodiversité que nous admirons, il est notre terrain de jeu pour glisser, il est notre inspiration artistique, il est notre source d’énergie, il est notre plus intime partenaire de bien-être et de relaxation (…) Il est, pour chacun, ceci ou cela. Nous sommes alors, tous, responsables de sa préservation, de sa santé.
L’édition 2018 était merveilleuse. L’édition 2021 s’annonce grandiose. Des centaines de voix bleues, vont se lever. Les mots ensemble vont être portés, au-delà des frontières, courants et marées. L’inspiration est une condition à la prise de conscience. La prise de conscience est capitale au changement de comportements, aujourd’hui urgents, vitales.
Nous portons tous une part de responsabilité, à chacun sa goutte d’eau, ensemble un Océan. En quelques clics, nous avons le pouvoir individuel de rejoindre un mouvement international, indépendant, visible, inspirant. Le format est simple. Une photo portrait avec une pancarte “#IspeakBlueToo BECAUSE” et 50/100 mots en description afin de répondre à la question : Why do your care about the Ocean ? Ça a commencé le 30 Mai, jusqu’au 8 Juin 2021, en soutien au World Oceans Day !
D'où vient ta passion pour l'océan et les sports de glisse ?
Je suis une enfant du grand bleu, c’est comme ça. Je suis née sur la côte d’Opale, dans le Nord de la France. Je suis un peu née en bord de mer, dans une famille de riders, sur vagues, au vent, sur sable, amoureux de la glisse, et de l’Océan. Je ne pourrais cesser de remercier mes parents, frère et amis d’ici et de là, pour leur Amour pour le grand large, les récifs et lagons, les vagues et mousses blanches. L’Amour pour l’Océan naît à l’intérieur, mais son intensité s’en trouve démultipliée quand partagé. Puis, nous avons quitté la France en Famille, direction une nouvelle vie : l’Ile Maurice. Cette nouvelle page, elle aussi, s’est chargée de bleu. L’Océan était mon jardin secret, tout autant qu’il était mon terrain de jeu. En rentrant du collège, c’est à ses côtés que je souhaitais célébrer la fin de journée. J’ai appris son langage, à la rencontre des vagues. Depuis, je n’ai arrêté de Surfer. Et je ne cesserai jamais, le Surf est d’une grande préciosité dans ma vie. Paris, en me rapprochant de toi, j’ai quitté les récifs, passant de la barrière de corail au périph’. Je me suis perdue, mais rapidement, j’ai compris, que je devais y retourner, à l’Océan, pour me retrouver moi-même. En quelque sorte, l’Océan m’a sauvé, il m’a guidé.
Dès le Collège universitaire à Sciences Po, les premiers mois à Paris auront suffi pour me rappeler la mission qui était la mienne, retrouver l’Océan afin d’en préserver sa richesse, et contribuer à sa protection. Ainsi, j’ai, tout au long de mon parcours à Sciences Po, orienté mes travaux de recherche et le choix des enseignements autour de la question bleue, aussi inspirante et passionnante que grave et déterminante. En 2018, j’ai eu l’opportunité de porter ma voix à l’ONU en tant que Ocean & Climate Youth Ambassador, représentant l’Ile Maurice, île de mon enfance, pour y discuter l’objectif 14 “Vie Aquatique”, de l’Agenda 2030 pour le Développement Durable. Puis, les eaux calédoniennes, indonésiennes et polynésiennes ont éveillé mon attention, j’y rejoins des missions d’engagement sur le terrain et expériences de stage.
Plutôt long board ou short board ?
Cette question est bien trop difficile. Je ne suis pas sure d’être en mesure de répondre ! (Hihi !) Je vibre à la douceur, au flow, au confort, et à la glisse de la Longboard, quand je porte une joie immense, une excitation sincère et une grande énergie, au rythme et aux courbes, de la shortboard, quand les ailerons rencontrent l’Océan.
Tes spots de surf favoris ?
Ils sont nombreux, je n’ai pas un unique spot favori. Quand je suis à l’eau, toutes les sessions auront connu leur lot de bonheur. Enfin, je vous passe les peurs, les moments de panique, à vouloir suivre mon copain dans la houle de Teahupoo à Tahiti, ou de Impossible Beach en Indonésie. Là, je ne faisais pas la maligne. Je n’ai pas de spot favori, mais les spots suivants on retenu mon coeur : Bingin à Bali, Byron Bay en Australie, La Sud d’Hossegor en France, Waikiki à Hawaii, Papara à Tahiti, Haapiti à Moorea, et évidemment, la maison, Tamarin à Maurice.
Les destinations à travers le monde qui t’ont le plus marquées ?
J’ai eu la chance de voyager très jeune, avec ma famille. Mon frère et moi, étions deux petits êtres aux cheveux blonds, mais à la peau mate, dès notre plus jeune âge. Nous avons presque toujours suivi l’Océan, à la rencontre des éléments, dans l'Océan Indien, dans les Caraïbes, ou en Afrique du Nord. Nous avons notamment traverser toutes les petites Antilles en 2011 en Catamaran en famille, pendant 3 mois, merveilleuse expérience de vie à la rencontre de la Nature et à la valorisation de l’Instant présent, et du Partage. J’ai gardé ce goût du voyage, de l’aventure, de la rencontre. Ça fera toujours partie de moi. Toutefois, le contexte Covid que nous connaissons, et les enjeux climatiques auxquels contribue notamment le transport aérien, titillent mon esprit : et si, on voyageait autrement ?
Maurice est un bijou sur cette Planète (en toute objectivité !), une île chargée de couleurs et de chaleur humaine, dans un cadre idyllique, de même que la Polynésie Française. J’ai découvert le Pacifique et ses trésors naturels ces dernières années, et ces lieux encore magiques sont à préserver car grandement fragiles, et d’une beauté unique. Je porte l’Indonésie, notamment Bali, très près de mon coeur, pour y avoir passé de nombreux Étés en famille, y avoir fait ma formation de Yoga, et rencontré de merveilleuses âmes, entre les shalas et les vagues. Évidemment, les good vibes australiennes et hawaïennes ont aussi inspiré mon coeur, et ces séjours étaient chargés de Bonheur. Je me plait grandement aussi, dans les cultures multicolores, aux sonorités chaleureuses, j’ai adoré l’énergie de la Thaïlande, les bleus denses du Maroc, et la sangria espagnole dans les ruelles de San Sebastian ! En France, la côte Sud-Ouest porte mon coeur.
Quelles icônes te font rêver et te motivent depuis l'enfance ?
La foi de Bethany Hamilton, l’audace de Emma Watson lors de la campagne #HeForShe, l’Emerveillement de Matthieu Ricard, la douceur de Gabriella Wilde dans le rôle de Jade Butterfield dans le film Endless Love, l’engagement sincère à vie de Sylvia Earle, le courage de Malala Yousafzai, la justesse des mots de Frédéric Lenoir, les paroles de Jiddu Krishnamurti et l’Esprit d’aventure de Sarah Marquis.
Qu'est-ce qui t'inspire au quotidien ?
L’amour, porté à soi, aux autres, à la planète. Quand on y réfléchit bien, est-ce que ce n’est pas tout ce qui compte ? Nous sommes des poussières d’étoiles, de passage, ou en renaissance, ou pour une durée déterminée. Quoique soient nos croyances, nous sommes là, et nous avons tout intérêt à faire de cette vie une vie d’Amour. Elle sera tellement plus jolie. C’est un choix que nous tenons entre nos mains, à l’ouverture de nos coeurs. Il ne faut plus avoir peur, honte, de ce mot, sa célébration m’inspire. Célébrer l’Amour, n’est-ce pas une célébration de la Vie ? Je fais ce choix de l’Amour.
Quelle place prend l’écologie dans ta vie, et quel lien fais-tu entre écologie et écologie intérieure ?
Une très grande place, c’est mon combat quotidien, intérieur et extérieur. C’est mon parcours d’études, je termine mon Master de Politiques Environnementales à Sciences Po Paris. Ce sont mes engagements professionnels, je fais partie du programme “Action for the Oceans” et j’ai initié le mouvement #IspeakBlueToo, crée en 2018. La préservation de la Terre Mère est ma raison d’être. J’aime me rappeler cette intuition perçue un jour, celle d’être ici en tant que messagère. Alors, je porte mon message. Je porte un message par les mots, notamment sur les réseaux sociaux, et par l’intermédiaire de mon livre, publié à la fin de l’Été. Je me sens l’énergie de dire haut la beauté naturelle qui nous entoure, d’inciter le rétablissement de ce lien éthique, entre l’Homme et la Nature. Il est pour cela essentiel d’oser le changement de regard, hier anthropocentré, aujourd’hui celui d’équité. La nature n’est pas un stock, un capital, une possession, il s’agit ici d’une collaboration. Je porte la conviction intime qu’un nouveau modèle n’est possible qu’à la condition d’une prise de conscience individuelle, que j’appellerai ici “éveil”, la considération de son être propre, la bienveillance nécessaire à soi, aux autres, à la Terre, afin de questionner justement le sens, comme valeur, et direction à prendre. Prendre soin de son jardin intérieur, de cette écologie intérieure, est une condition essentielle, première, à la Paix avec l’extérieur, les autres, le vivant, et donc, à la préservation de la Terre.
J’ai une assiette que je pense juste pour la planète (et ma santé, et le vivant), je suis Vegan depuis quelques années déjà, et cette décision m’apporte beaucoup de joie, et une paix intérieure sincère. Je privilégie les sources d’approvisionnement biologiques et locales. J’essaie de limiter ma consommation, dans son ensemble, de consommer moins, mais mieux. Je privilégie les matières naturelles et durables, notamment pour les vêtements (Hello, Studio Rivage !) et j’essaie de limiter au maximum ma consommation de plastique, surtout celui à usage unique (Oust!). Je m’engage, je dis, je porte ma voix et j’investis mon temps pour les causes qui me semblent justes. Pour ce qui est des déplacements et transports, ça se complique. J’ai grandi comme une enfant du monde, avec de nombreux ports d’attache, donc, j’ai pris l’avion de nombreuses fois. Avec la situation actuelle, et l’évolution de mon parcours, et pour les étapes de vie à venir, j’aspire à m’ancrer davantage, et privilégier la qualité à la quantité.
Studio Rivage, c’est quoi pour toi ?
En quelques mots, je dirais, “Doux à porter, beau pour rêver, et respectueux de la Terre Mère.”
Ton print favori ?
La nouvelle Surfer Capsule vend du rêve, c’est une invitation à retrouver encore et encore, la vague, le soleil et les good vibes !
Quel mantra t'accompagne jour après jour dans la vie ?
Je porte cinq petits mots sur mon coeur : le respect, la bienveillance, la liberté, la gratitude et l’Amour inconditionnel. Ils font partis de mes bagages, où que j’aille. Je fais en sorte que toujours ils m’accompagnent. Je pense que la Gratitude porte un super pouvoir encore sous-estimé. La reconnaissance pour les détails de la vie : un sourire, un merci, une couleur, un rayon de soleil, une fleur, un mot. Tout cela me remplit de joie, et j’aime le reconnaître, le dire, le ressentir. J’aime les Mantra de Gratitude.
Quels sont tes derniers coups de coeur culturels / musicaux ?
Dernièrement, le nouveau court-métrage Voyager | Short Film de Emmett Sparling m’a donné des frissons. Aussi, mon coeur s’est chargé d’émotion à l’écoute de la chanson "Mesdames", de Grand Corps Malade. Sans grande objectivité peut-être, mais avec immense sincérité, la nouvelle chanson de mon frère “Aujourd’hui” fait valser mon coeur @isambourg.theo. Mes dernières lectures ? Deux petites merveilles. D’abord, D’un monde à l’autre, le temps des consciences, de Frédérique Lenoir et Nicolas Hulot. Également, Fort comme un hypersensible de Maurice Barthélémy.
Où peut-on suivre tes aventures ?
On se retrouve sur Insta avec plaisir, @eveisambourg. Et pour lever votre voix bleue pour l’Océan, c’est par ici, @ispeakbluetoo.